Baur

Pouvoir et Désir, Miniatures indiennes

Collection Edwin Binney 3rd du San Diego Museum of Art

21 mars 2003 - 15 juin 2003

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Les Collections Baur ont le plaisir de présenter une exposition de 67 remarquables miniatures indiennes, choisies parmi les 1450 œuvres léguées par le collectionneur américain Edwin Binney au San Diego Museum of Art de Californie. La plupart de ces pièces proviennent de manuscrits dispersés par les hasards du temps et illustrent des textes anciens.

Le double thème de Pouvoir et Désir nous invite à la découverte de cet ensemble de miniatures datant de la période de l’empire moghol (XVIe siècle – début XIXe siècle). L’exposition se divise en trois parties.

La première partie intitulée « Le Pouvoir et la cour » montre les monarques, auréolés du nimbe divin et parés de leurs joyaux gouvernant une société régie par l’étiquette de cour. Ce style d’illustrations servait à magnifier l’image du souverain et à porter témoignage de ses qualités insignes. A la cour moghole, commanditer des peintures et des livres enluminés était une fonction régalienne et la représentation du monarque comme thème principal une règle. Ainsi s’instaura une tradition vouée à représenter le souverain et les événements de sa vie à la cour. Portraits royaux, somptueux durbâr (audiences), gigantesques processions, récits historiques, fêtes et chasses complexes illustrent cette société hiérarchique idéalisée.

La deuxième partie « Amour et désir ardent » dépeint la relation amoureuse. Scènes de convention qui évoquent les moments intimes où le roi est en compagnie de sa reine ou de ses favorites. Compositions chatoyantes dépeignant les activités et divertissements féminins au sein des zanâna princiers, appartements réservés aux femmes. Scènes intimistes nourries de références littéraires, animées de personnages élégants parés de bijoux qui suggèrent les délices goûtés par les amants réunis. Les peintres indiens s’attachèrent aussi à l’illustration des textes les plus renommés ou les plus populaires de la littérature amoureuse – comme le tragique destin de Majnûn, la Romance de Chandrabhânu et de Lâvanyavatî ou la Rasamanjarî, « Le bouquet de délices ». L’Inde est le pays où le sentiment érotique ou amoureux, Shringâra rasa, est considéré comme le plus important des neuf rasa et le plus susceptible de rapprocher l’homme de Dieu, dans une union charnelle vécue comme divine.

La troisième partie, le « Monde des dieux » évoque l’interpénétration du ciel et de la terre. Le même thème y revient, celui du désir avec les amours complexes et mouvementées du dieu Krishna et de Râdhâ la bouvière, Krishna étant l’archétype de l’Amant. L’histoire de ses amours n’est qu’une allégorie de l’âme à la recherche du Dieu. Dans la pensée indienne, les hommes s’identifient aux dieux et les dieux, dans leur infinie compassion, daignent descendre parmi les hommes. Rama, héros emblématique des grandes épopées brahmaniques, est vénéré comme héros divin et monarque idéal. Autre dieu bien représenté, Shiva incarne la dualité. Il est en même temps l’ascète qui vit dans une grotte et l’être symbole de l’énergie créatrice. Vishnu, celui qui maintient toutes choses, apparaît sous une forme cosmique omnisciente. L’Islam est représenté par l’évocation de l’Ascension du prophète Mahomet, miniature à l’iconographie stéréotypée.

En compléments des miniatures, sont exposés également des objets précieux du continent indien, d’époque parfois plus récente, grâce à un prêt du Musée d’Ethnographie de Genève. Les armes décorées, les soieries chatoyantes, l’orfèvrerie finement travaillée, les bronzes et cuivres ciselés évoquent la puissance du pouvoir, la magnificence des objets de cour et la vie quotidienne.